par Le terme d’architecture contemporaine est aujourd’hui très à la mode pour désigner une construction que l’on aime bien, qui nous fait vibrer d’une certaine manière quand on la regarde. On a tous poussé un Waoo en face d’une œuvre de Calatrava comme l’aéroport de Saint Exupéry à Lyon, ou été émerveillé après avoir vu le projet de village opéra de Francis Kéré au Burkina Faso. Qu’ont en commun ces chefs d’œuvre architecturaux ? S’ils nous fascinent, sont-ils pour autant contemporains ? Qu’est ce qui permet de déterminer la contemporanéité d’une construction ? Je vais vous donner 5 critères qui vont vous permettre à coup sûr de reconnaître une architecture contemporaine.
1. La période de construction
Littéralement, contemporain signifie des temps présents, actuel. Est donc contemporain tout ce qui est de notre époque. Mais cette époque a bien un début qui ne fait pas l’unanimité dans le monde. En France, le début de la période contemporaine coïncide avec les débuts de la révolution en 1789, tandis que chez les anglo-saxons, parler de contemporanéité revient à s’intéresser aux soixante à quatre-vingt dernières années qui précèdent le jour d’aujourd’hui. Connaître la période de construction est un premier pas, mais cela ne suffit pas. D’ailleurs, si c’était le cas, on qualifierait systématiquement toutes les constructions d’aujourd’hui de bâtiments contemporains.
2. L’esthétique
C’est sûrement ce qui nous fait réagir le plus promptement. On jugera plus facilement une œuvre à sa forme trop ronde ou trop carrée, ses couleurs vives ou froides, son emprise trop imposante ou trop minimaliste. Bref la simple vue d’un bâtiment créera en nous des sensations qui nous feront aimer ou pas l’œuvre observée. Le Corbusier ne disait-il pas lui-même que l’architecture est le jeu magistral, correct et magnifique des masses réunies dans la lumière. Cependant un problème se pose. La notion d’esthétique est souvent très relative et une œuvre jugée belle par un tiers peu être repoussante pour un autre. Cette définition corbuséenne de l’architecture présente donc des limites.
3. La recherche et l’innovation
Après la seconde guerre mondiale, la technologie a avancé de manière fulgurante et a profité au secteur de la construction en termes de créativité. On n’ose pas imaginer une œuvre contemporaine, sans dépassement, sans innovation. Pourquoi le musée Guggenheim de Bilbao réalisé par Frank Gehry fascine-t-il si tant ? Des formes jamais osées, des matériaux jamais utilisés auparavant… Pour (de Bure, 2015), une architecture contemporaine, à l’image de l’art ou encore de la musique, se doit de se réinventer sans cesse. Les chants d’innovation sont vastes et peuvent englober les matériaux de construction, les technologies utilisées, les enjeux environnementaux…
4. La symbolique
Avez-vous remarqué que les architectes adorent parler des idées qui ont inspiré les formes de leurs bâtiments, des problèmes qu’ils ont voulu résoudre en adoptant tel ou tel principe constructif, du message ou de l’ambiance qu’ils ont voulu créer en utilisant tel matériau et pas tel autre. Anne Lacaton et Jean-Phillipe Vassal, prix pritzker 2021 sont un bel exemple. En créant des espaces modestes, inondés de lumière et ouverts sur l’extérieur, les usagers ont la sensation d’être en harmonie avec la nature et de vivre dans un environnement bien plus vaste que leur cadre physique réel. Les idées et la philosophie qui sous-tendent un projet sont aussi importants que le projet lui-même. Ce qui est intéressant dans cet exemple, c’est la simplicité des moyens mis en œuvre. Cela nous conduit donc au dernier critère.
5. La sobriété
Tenir compte des enjeux environnementaux est devenu quasi incontournable après la crise pétrolière des années 70. L’architecture aujourd’hui tente de réduire au minimum les dépenses énergétiques afin de préserver les ressources naturelles. Mais la sobriété n’est pas qu’énergétique ou économique, elle est aussi visuelle. Pour (Scoffier, 2011) l’architecture contemporaine est semblable au corps lisse contemporain dont la peau s’efface sous des signes allogènes, contrairement au corps athlétique, structuré du sportif encensé par les modernistes. Une architecture sobre, minimaliste est quasi systématiquement décrite comme étant d’actualité : un bâtiment qui se fond dans son environnement sans dénaturer le paysage, dont l’agencement des formes, des matériaux et des couleurs ne crée pas de tensions visuelles désagréables significatives.
En conclusion, l’architecture contemporaine est reconnaissable suivant plusieurs critères. Si certains peuvent être subjectifs comme l’esthétique, d’autres s’imposent au monde de la construction aujourd’hui, comme la recherche et l’innovation. Il est important quel que soit son goût ou sa sensibilité, de garder en tête ces cinq critères – période de construction, esthétique, recherche et innovation, symbolique, sobriété – pour avoir une base d’appréciation d’une architecture contemporaine.
Références
de Bure, G. (2015). Architecture contemporaine : Le guide. Flammarion. 224 p.
Scoffier, R. (2011). Les quatre concepts fondamentaux de l’architecture contemporaine (1re éd.). Editions Norma. 115 p.
Images
Aéroport St Exupéry Calatrava – Image par MARCIN CZERNIAWSKI de Pixabay
Musée Guggenheim Bilbao – Image par Ramon Perucho de Pixabay
Lycée de Dano au Burkina Faso – GandoIT, CC BY-SA 3.0 <https://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0>, via Wikimedia Commons
